08 septembre 2010

Impérialisme Hollywoodien

Cités dans "Les cinémas nationaux contre Hollywood", Sept 2004, Guy Hennebelle (sauf la citation d'Ellen Draper) :

"Le nationalisme américain est la forme supérieur de l'internationalisme libéral!"
"Les dirigeants américains se donnèrent pour but, vers 1923, de 'décapiter' littéralement l'industrie cinématographique européenne devenue dangereuse. La nouvelle offensive visait principalement le cinéma allemand, français et suédois."
(in Hollywood Story, 1968, p. 103)
  • Guy Hennebelle:
"En 1925, les films made in USA occupent 95% du temps de projection en Angleterre, 70% en France et 68% en Italie. Les colonies britanniques et françaises sont, elles aussi, largement servies."
(in "Les cinémas nationaux contre Hollywood", Sept 2004)
  • Jean-Louis Comolli (Cahiers du cinéma, n°241, Sept 1972) :
"On n'a pas assez remarqué qu'elle [l'arrivée du parlant] marque aussi la récession des cinématographies nationales au sens des 'grandes écoles' du muet (suédoise, italienne, française, allemande...). Non seulement nombre de leurs cinéastes les plus importants sont attirés par Hollywood depuis les dernières années du muet (voir plus haut), mais avec le parlant il semble que les traits spécifiques de chaque pays soient pris en charge essentiellement par les langues nationales, l'écriture des films, elle, s'alignant sur les normes commerciales et formelle de Hollywood."
  • Thomas H. Guback :
"Après la Seconde Guerre Mondiale, il y avait à Hollywood des milliers de films qui n'avaient pas été projetés en Europe à cause de la guerre. Au début de 1946, ils y furent expédiés en grand nombre. Entre 1946 et 1949, plus de 2600 films américains furent envoyés en Italie. Même un petit marché comme les Pays-Bas en reçut plus de 1300 à la même période. En 1949 et 1950, l'Angleterre reçut près de 800 films américains."
in The International Film Industry, 1969
  • Léon Blum (président français 1936-38 et 1946) : accords Blum-Byrnes, 26 mai 1946 (archive vidéo)
"Toute discussion fut impossible. Nos amis américains [..] ont admis que nous conservions 30% de notre exploitations nationale, alors que l'Italie n'a obtenu que 17%. Et je vous avoue que s'il avait fallu, dans l'intérêt supérieur de la France, sacrifier la corporation cinématographique française, je l'aurais fait bien volontiers."
(cité par Georges Sadoul, in Le cinéma français, 1972)
Les studios américains ne sont autorisés à récupérer que $3,625,000 de bénéfices par an sur l'exploitation française des films américains. Le reste ($10 millions) doivent être réinvestit dans des co-productions françaises, la construction de studios en France, ou l'acquisition de droits de films français.
UK (11 March 1948) gelait $40 millions, et forçait les USA à réinvestir $17 millions, tout en supprimant la taxe de 75% sur les importations de films américains.
  • Guy Hennebelle :
"La MPEAA constitue pour Hollywood "l'arme absolue". Cette honorable institution est d'autant plus nécessaire pour le cinéma américain qu'il tire actuellement 50% de ses recettes de ses marchés extérieurs. Un film américain seulement sur 10 est amorti aux Etats-Unis ! Ce sont 4 pays ouest-européens (Angleterre, Italie, Allemagne fédérale et France) qui fournissent la 1/2 des recettes extérieures : en clair 'nous' finançons le cinéma hollywoodien à 25%. Entre 1951 et 1965, le cinéma américain a encaissé en Europe la coquette somme de 1,9 milliard de dollars. Aucun secteur de l'économie des Etats-Unis ne dépend autant de l'extérieur que le cinéma. Il est à noter qu'avec 1,175 milliard de spectateurs par an, le marché européen est semblable au marché américain (mais l'Europe produit 2 fois plus de films que les Etats-Unis). Au temps de l'Europe des 6, la MPEAA y prélevait par la distribution de ses films le 1/3 des recettes globales.
Alors que les Américains nous imposent la consommation massive de leurs films, ils se refusent à faciliter la diffusion des nôtres chez eux. Par exemple, en 1956 les films américains ont rapporté plus de $15 millions sur le marché français. Mais nous n'avons retiré que $2 millions environ de la distribution de nos films aux USA."
(in "Les cinémas nationaux contre Hollywood", Sept 2004)
  • Ellen Draper :
"In 1951 the MPEA agreed to pay 12.5% of all American film earning in Italy to an organisation called Italian Film Exports [IFE], established to promote and distribute Italian films in the US. By the end of 1952, IFE Releasing Corporation had also been established. American exhibitors complained that IFE was acquiring the good Italian films for the U.S. market on terms that the independent distributors could not meet. In 1953 the subsidy to IFE from American film companies was reduced to 10% and in 1954, as the American exhibitors brought their complaint before the Federal Trade Commission, it was stopped altogether. Eric Johnston, president of the MPAA, estimated that IFE received between $4 million and $4.5 million from American film companies. [..]
When foreign films did appear in America, they tended to be shown in 'art' theaters, where they attracted a specialized audience. It is not clear how profitable foreign films shown in the US in the early 1950s were. Variety reported in 1956 that 'foreign grosses in the US have never been published until now,' and estimated the total foreign film box office receipts of 1956 at only $10,132,000, with French and Italian totals in 1956 just over $2 million each. Cobbet Steinberg estimates that American box office receipts in 1956 were $1,394,000,000. The American public was not casting its box office ballots for foreign movies in any appreciable amount in the early 1950s."
  • convention signée en Italie en 1959 entre la MPEAA et les professionnels du cinéma italien:
"Les professionnels du cinéma italien s'engageaient à prendre toutes les mesures nécessaires avec les autorités compétentes du gouvernement italien pour garantir qu'il n'y aurait aucune modification dans la legislation du film italien qui, directement ou indirectement, affecterait défavorablement les activités des sociétés membres de la MPEAA opérant en Italie."
  • Guy Hennebelle :
"Thomas Guback expose longuement dans [The International Film Industry, 1969] comment les tentatives anglaises, italiennes et française pour constituer aux USA l'équivalent de la MPEAA [Motion Pictures Export Association of America, aka MPA] ont essuyé des échec cuisants. Un dirigeant de ce cartel reconnaissait dans Variety (10 Oct 1956) que sa politique visait à l'établissement généralisé d'un marché libre sous réserve qu'il fût dominé par le monopole de la MPEAA. On ne saurait être plus clair ! L'Italian Film Export (IFE) dut plier bagage."
(in "Les cinémas nationaux contre Hollywood", Sept 2004)
  • Eric Johnston (MPAA) :
"Nos films occupent 60% du temps de projection dans les pays étrangers. Si l'un de ces pays veut nous imposer des restrictions, je vais voir le ministre des Finances et je lui fais constater, sans le menacer, très simplement que nos films maintiennent ouvertes plus de la moitié des salles. Cela fournit de l'emploi et par conséquent un soutient appréciable pour l'économie du pays concerné, quel qu'il soit. Je rappelle aussi à ce ministre des Finances le poids de la taxe sur le chiffre d'affaires que ces salles représentent. Si le ministre refuse d'entendre ces arguments, je puis encore user d'autres moyens appropriés. [boycottage du marché délictueux en films américains]
Mais si deux ou trois compagnies américaines ne jouent pas le jeu, si elles acceptent les restrictions imposées par un gouvernement étranger, mes arguments vis-à-vis du ministère perdent leur poids. Il est indispensable que nous formions un front uni. La MPEAA perdrait cent millions de dollars chaque année si elle se divisait."
(in The International Film Industry, 1969, Thomas H. Guback)
  • Thomas H. Guback :
"Il y a plusieurs années, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec un représentant d'une société américaine dans un pays d'Europe occidentale. Il m'a confié que les sociétés américaines contrôlaient réellement l'association locale des distributeurs et qu'elles prenaient des décisions relatives à la politique de cette association. Bien que sept sociétés américaines seulement en fussent membres (contre trente ou quarante sociétés locales), ce sont elles qui contrôlaient l'association car elles participaient pour la plus grande part aux frais de fonctionnement. D'autre part, jouissant d'un droit de vote égal à celui de n'importe quelle société locale, elles pouvaient user d'un droit de veto quand certaines recommendations exigeaient l'unanimité. Enfin, elles connaissaient à tout moment la stratégie des dirigeants de l'industrie locale et pouvaient empêcher la réalisation des programmes qui eussent mis en danger les intérêts américains."
(in Cinéthique n°6, 1970)
  • Jean-Claude Batz :
"Le cinéma US suit la diplomatie du dollar comme les missionnaires d'autrefois suivaient les conquérants."
  • "- Monsieur Jack Valenti, votre organisation, la MPAA, contrôle déjà 90% de la distribution des films à travers la planète, que voulez-vous de plus?
    - Mais 100%, voyons !"
    (dialogue -légende urbaine- cité par guy Hennebelle, "I have an old dream...", in Quelle diversité face à Hollywood ?, 2002

  • "L'enfer du cinéma à l'heure des managers" (Entreprise, 17 Oct 1970) :
"C'est à un instrument opérationnel conçu à l'échelle du monde entier [MPA] que le cinéma américain doit sa force et non pas, comme on pourrait le penser, à la seule puissance industrielle de Hollywood."

Lire aussi :

2 commentaires:

HarryTuttle a dit…

Edward W. Said : "[...], so influential has been the discourse insisting on American specialness, altruism and opportunity, that imperialism in the United States as a word or ideology has turned up only rarely and recently in accounts of the United States culture, politics and history. But the connection between imperial politics and culture in North America, and in particular in the United States, is astonishingly direct."
(Culture and Imperialism, 1993)

HarryTuttle a dit…

"- Monsieur Jack Valenti, votre organisation, la MPAA, contröle déjà 90% de la distribution des films à travers la planète, que voulez-vous de plus?
- Mais 100%, voyons !"
(dialogue -légende urbaine- cité par guy Hennebelle, "I have an old dream...", in Quelle diversité face à Hollywood ?, 2002