« A quel point les grandes déclarations, d'Eisenstein, de Gance, sonnent étrange aujourd'hui : on les garde comme des déclarations de musée, tous les espoirs mis dans le cinéma, art des masses et nouvelle pensée. On peut toujours dire que le cinéma s’est noyé dans la nullité de ses productions. Que deviennent le suspense d'Hitchcock, le choc d'Eisenstein, le sublime de Gance, quand ils sont repris par des auteurs médiocres ? Quand la violence n’est plus celle de l’image et de ses vibrations, mais celle du représenté, on tombe dans un arbitraire sanguinolent, quand la grandeur n’est plus celle de composition mais un pur et simple gonflement du représenté, il n’y a plus d’excitation cérébrale et de naissance de la pensée. C’est plutôt une déficience généralisée chez l’auteur et les spectateurs ; pourtant la médiocrité courante n’a jamais empêché la grande peinture ; mais il n’est pas de même dans les conditions d’un art industriel, où la propagation des œuvres exécrables met directement en cause les buts et les capacités les plus essentielles. Le cinéma meurt donc de sa médiocrité quantitative »
Gilles Deleuze, Cinéma 2 : L'image-temps, 1985
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« Le monde imbécile des images pris comme à la glu dans des myriades de rétines ne parfaira jamais l'image qu'on a pu se faire de lui. La poésie de ce qui peut se dégager de tout cela n'est qu'une poésie éventuelle, la poésie de ce qui pourrait être, et ce n'est pas du cinéma qu'il faut attendre... »
Antonin Artaud , La vieillesse précoce du cinéma, 1933
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