19 janvier 2012

La Cinéphilie originelle expliquée aux néos

Histoire de la cinéphilie 
(La Fabrique de l'Histoire; France Culture; 16 jan 2012) partie 1 - 2 - 3 - 4

1. Grand témoin Philippe Cassard
16-01-2012 [MP3] 54'
Pour débuter cette semaine, nous recevons le pianiste classique Philippe Cassard, interprète de Debussy et de Schubert, qui vient de publier chez Capricci un dialogue avec Marc Chevrie et Jean Narboni.
Ils y discutent du rapport de la musique et du cinéma: la place de la composition, le jeu entre musique et bande son, les correspondances secrètes entre un film et une oeuvre musicale éloignée...
Nous commençons cet entretien en écoutant le début de la "Soif du mal" d'Orson Welles. Philippe Cassard analyse le rapport des voix et de la musique d'Henry Mancini. Il nous explique comment il est devenu cinéphile et en quoi les films qu'il a pu voir nourrissent la préparation de ses propres enregistrements et concerts.
2. Trois fois par jour, rendez-vous au 29
Un documentaire d’Anaïs Kien, réalisé par Séverine Cassar
Avec : Bernard Eisenschitz, Michel Mourlet, Marc Augé, Albert Fert, Costa Gavras, Carole Desbarats, Serge Toubiana, Jean Narboni, Luc Moullet et Michel Ciment.
17-01-2012 [MP3] 54'
Partons de là, sur les marches de cet escalier de pierre, on y patiente, serrant ses pièces de monnaies au creux de la main, on y discute, on y trépigne, on y espère, où l’on anticipe. La salle de projection de la cinémathèque sise au 29 de la rue d’Ulm a vu passé les cinéphiles parisiens, ceux des ciné-clubs, ceux de la Sorbonne voisine, ceux des lycées du quartier latin et ceux de l’école normale supérieure.
Henri Langlois projette sa collection au gré de ses humeurs dans cette salle Jules Ferry à partir de 1955 et ouvre ainsi un lieu de vie aux jeunes gens qui y découvrent le patrimoine cinématographique mondial bien avant l’ère du cinéma à la demande. Les films sont alors des trésors qu’on accoure voir de peur de les rater définitivement au moment où la Nouvelle Vague bouleverse les codes cinématographiques. Après la génération des Rivette, Rohmer et Truffaut, ils sont nombreux a avoir formé leur œil sur les sièges en bois de cette salle mythique. Voyage dans un lieu de mémoire de la cinéphilie, dans l’antre de la salle Jules Ferry avec Carole Desbarats, responsable de la diffusion des savoirs à l’école normale supérieure et l’équipe de la Cinémathèque de Serge Toubiana, venue repérer les lieux.
Henri Langlois parle de la profonde solitude des cinémathèques :
" Les cinémathèques n'ont pas seulement à lutter contre le temps qui, chaque jour, rend plus difficile la recherche et la sauvegarde de cinquante ans de cinéma, contre les ravageurs pilleurs d'épave, contre la méfiance d'une industrie qui craint, à juste titre, la dépossession de ses droits, contre les intérêts de cette machine qui veut que le cinéma ne produise qu'en se dévorant lui-même. (...) L'heure est grave, jamais le danger de destruction des films n'a été plus grand. Aidez-nous. Apportez-nous la force, l'appui de l'indignation publique. Comprenez qu'on n'a pas le droit d'abandonner aux usines de produits chimiques l'art le plus significatif, le plus essentiel, le plus constructif de notre temps. Joignez-vous à nous pour arrêter ce crime contre la civilisation qu'est la destruction des négatifs des anciens films."
Texte d'Henri Langlois, pour le 20 ème anniversaire de la Cinémathèque
3. Emission d'archives : Festival du film maudit, Biarritz 1949
Avec : Frédéric Gimello-Mesplomb, maître de conférences à l’Université de Lorraine. Objectif 49 et le « Festival du Film Maudit » de Biarritz, Cinéphilie savante et production des normes culturelles du cinéma aux sources de la politique de soutien de l’Etat, à paraître en 2012.
18-01-2012 [MP3] 54' 
Pour ce troisième volet de notre série sur la cinéphilie, nous nous arrêtons sur un moment particulier, celui du festival du film maudit qui s'est tenu à Biarritz pendant l'été 1949.
Après-guerre, des centaines de ciné-clubs renaissent dans une France qui fréquente en masse les salles ( jusqu'à plus de 423 millions de spectateurs en 1947). certains sont liés au Parti Communiste, d'autres aux milieux catholiques ou protestants.
En 1948, des critiques comme André Bazin ou des cinéastes comme Robert Bresson s'associent pour créer un nouveau ciné-club, Objectif 49, dont le but affiché est de défendre un cinéma contemporain ignoré ou mal distribué.
A la sortie des projections, les cinéphiles se regroupent pour des discussions enflammées au café le Madrigal, sur les Champs-Elysées.
C'est là que naît l'idée d'un festival. Les membres d'Objectif 49 se réunissent pour le préparer à la "revue du cinéma" hébergée chez Gallimard, rue Sébastien Bottin.
Le trio affiché par l'organisation est composé de Roger Leenhardt, Robert Bresson, Jean Cocteau. On trouve également autour d'eux Jacques Doniol-Valcroze ainsi que Claude Mauriac.
Le Festival obtiendra un soutien de la municipalité de Biarritz, malgré des réticences du conseil municipal sur le genre de films proposés.
Il accueillera à la fois des cinéphiles, des germanopratins et des mondains, en limitant le nombre de critiques.
Le Festival de Biarritz couronnera aussi pour la première fois Jean Rouch, qui n'est pas encore cinéaste, et deviendra un moment mythique réinventé par les tenants de la Nouvelle Vague.
4. Débat historiographique : Le rapport aux images dans l’entre deux-guerres
Avec : Dimitri Vezyroglou, maître de conférences en histoire du cinéma à l'université Paris 1; Christophe Gauthier, conservateur de la Cinémathèque de Toulouse; Renaud Chaplain, chargé d'enseignement à l’Université catholique de Lyon; Martin Barnier, professeur des universités en Études cinématographiques à l’Université Lumière Lyon 2
19-01-2012 [MP3] 54' 



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