"Un peu plus de quatre ans après que le jury cannois présidé par Sean Penn eut décerné sa Palme d’or à Entre les murs, Laurent Cantet est de retour avec Foxfire, et c’est un nouvel événement majeur. Il est vrai que les réalisations de ce jeune quinquagénaire, qui a eu 51 ans en juin dernier, suscitent rarement l’indifférence. Dès Ressources humaines (1999), son deuxième long métrage, produit à l’origine pour la télévision, ce fut en effet un premier coup de tonnerre : jamais auparavant les relations entre générations au sein du monde du travail n’avaient été montrées avec une telle acuité, une telle volonté de ne rien taire de ces failles que l’évolution de la société moderne a ouvertes sous les pas des humains.
Si l’on veut bien comprendre combien il est difficile pour un jeune cinéaste de ne pas décevoir les espoirs placés en lui, L’Emploi du temps (2001) constitua mieux qu’une confirmation : dérivé d’une affaire criminelle qui inspira à Emmanuel Carrère “L’Adversaire”, adapté par Nicole Garcia en 2002, ce film implacable était porté par une maîtrise et une rigueur exceptionnelles, qui achevèrent de convaincre que Laurent Cantet était décidément un cinéaste majeur, auquel le triomphe cannois de Entre les murs, sept ans et un film (Vers le Sud, 2005) après, allait apporter la reconnaissance internationale.
Aujourd’hui, son sixième film en quinze ans peut apparaître aussi comme son chef-d’oeuvre à ce jour. Adaptation du livre de la romancière new-yorkaise Joyce Carol Oates “Confessions d’un gang de filles” (1995), Foxfire, mis en scène selon les mêmes principes que Entre les murs, entièrement tourné au Canada et en anglais, avec pour l’essentiel des interprètes amateurs, évoque avec un brio étourdissant les années 50 dans l’Amérique profonde et dessine de l’adolescence, de la féminité et, comme en écho, du monde d’aujourd’hui un portrait saisissant et passionnant. Foxfire sera sur les écrans français depuis deux semaines lorsque Laurent Cantet donnera au Forum des images sa master class."Pascal Mérigeau
Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007), “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008) et “Jean Renoir” (Éd. Flammarion, octobre 2012).
03 février 2013
Masterclass Laurent Cantet
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